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2024, bon millésime pour les hedge funds

Pierre de Saab, Investissements Alternatifs, Dominicé
, 29 Jan 2025

Article publié dans Le Temps, le 27 janvier 2025, dans Lundi Finance, Spécial Placements Alternatifs

Les fonds alternatifs ont profité des dynamiques divergentes observées entre les différents secteurs économiques l’an dernier. Les hedge funds reviennent en grâce en 2025, face au risque que le secteur technologique ne tire plus autant les bourses vers le haut.

Le millésime 2024 a été une grande année pour les hedge funds. En particulier les stratégies long/short equity, dans toutes les géographies, même aux Etats-Unis et en Chine, résume Cédric Dingens, de NS Partners. L’indice HFRI Equity Hedge, qui reflète ce style de gestion, indique ainsi une performance de +12,3% sur l’année écoulée. Dans les grandes lignes, les gérants long/short equity parient sur la hausse de sociétés sous-évaluées, tout en misant sur la baisse d’actions jugées surévaluées.

«La volatilité globale des marchés actions est restée contenue, mais des divergences importantes ont été observées au niveau des secteurs et des entreprises», précise le spécialiste de l’alternatif.

Pas seulement la technologie

La surperformance a été générée grâce aux valeurs technologiques, mais pas seulement.

«Les plus grandes allocations sectorielles ont été les valeurs industrielles, devant la technologie et les valeurs financières, qui ont beaucoup rapporté l’an dernier, grâce aux assurances en particulier», précise Cédric Dingens, rencontré à son retour de Londres où il a échangé avec des gérants. Dernier point sur le long/short equity, les portefeuilles ont nettement moins baissé que le marché en octobre ou décembre, tout en participant largement aux phases de hausse.

Les stratégies «global macro» ont généré une moyenne de l’ordre de 15%, mais avec une plus forte dispersion entre les gérants au niveau de la performance, toujours assez décorrélée des marchés. Ce type de stratégie s’appuie sur des prévisions macroéconomiques et politiques au niveau des différents pays pour investir dans différentes classes d’actifs (actions, obligations, devises, matières premières, etc.). L’indice HFRI Fund Weighted Composite Index, qui reflète les performances de l’ensemble des 1400 fonds alternatifs, indique un gain moyen de 9,83% l’an dernier.

«L’environnement est très favorable à leurs stratégies sur la plupart des classes d’actifs, devises, matières premières, actions un peu moins paradoxalement, mais surtout les taux», reprend Cédric Dingens.

Exemple en octobre 2024, lorsque les marchés se sont interrogés sur la possibilité d’une récession aux Etats-Unis et prévoyaient six à sept baisses de taux de la Fed: «Ces hedge funds n’y croyaient pas et en ont tiré parti.»

«Trump trade»

Autre pari gagnant des «global macro»: le «Trump trade» de la dernière partie de 2024, alors que de nombreux observateurs n’excluaient pas une victoire de Kamala Harris. «Ces fonds se sont préparés à une victoire de Trump, en étant longs sur le dollar, la technologie et les taux, car les promesses du nouveau président américain devaient être inflationnistes, en particulier l’instauration de droits de douane élevés.» Plus tôt dans l’année, beaucoup ont bien réussi à profiter de la hausse du prix du cuivre, en prenant leurs profits avant que les cours ne baissent en mai, même si l’année n’a pas été facile sur l’énergie et les matières premières.

Les hedge funds ont également engrangé des profits sur les actions, avec la thématique de l’IA et les grandes capitalisations américaines. Le Japon et l’or ont aussi été des thèmes porteurs. Enfin, «les gérants multistratégies sur les grandes plateformes ont bien fini l’année, avec un mois de décembre favorable alors que le marché a corrigé», avance encore notre interlocuteur.

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2024 a été «une bonne année, a priori, même si l’on a observé beaucoup d’incertitudes sur le marché, jusqu’à ce que l’élection de Donald Trump vienne rassurer les investisseurs», déclare John Argi, de l’Union Bancaire Privée (UBP). Au quatrième trimestre, les performances des hedge funds ont ainsi été solides, malgré des mois d’octobre et de décembre compliqués du fait des prises de profit intervenues sur les marchés actions, précise le coresponsable des solutions d’investissement alternatif de la banque privée genevoise. «L’incertitude autour de l’élection américaine a été levée, les marchés ont bien réagi au nouveau président. Ce dernier a en effet annoncé vouloir s’entourer de personnalités compétentes, avec la volonté de mettre fin aux guerres, et plus généralement, de faire avancer l’économie américaine», résume-t-il.

Regard positif pour 2025

Les très bonnes performances de 2024 se traduisent par un regard positif pour 2025, affirme Pierre de Saab, de Dominicé Asset Management, à Genève, qui voit la demande globale pour les fonds alternatifs repartir cette année. «Les hedge funds sont vus comme un moyen de participer à la hausse des marchés sans en subir la baisse, ce qui est très apprécié dans le contexte actuel», selon le responsable des investissements alternatifs au sein de la société de gestion avec 1,7 milliard de dollars d’avoirs.

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Les actions sont chères, surtout aux Etats-Unis, et elles constituent une part importante de nombreux portefeuilles, alors que se mettra en place la nouvelle politique de l’administration Trump, détaille Pierre de Saab: «L’état d’esprit des investisseurs est donc de ne pas seulement miser sur une hausse des actions, mais aussi de limiter les pertes en cas de baisse.»

Il est à nouveau pertinent de détenir d’autres stratégies que des actions et des obligations, poursuit John Argi, de l’UBP: «L’environnement actuel est très intéressant car, compte tenu de la polarisation du marché, la performance a certes été remarquable l’an dernier, avec +25% pour le S&P 500 Total return, mais elle provient pour plus de la moitié des Magnificent 7.» Ces sept géants de la technologie américaine – Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta, Nvidia et Tesla – occupent un poids considérable dans les indices, à savoir 30% en moyenne sur 2024, avec par exemple, pour Nvidia, une contribution de 5,4% à l’indice S&P 500.